Les 36e Médiévales de Provins tiennent toutes leurs promesses !

Tout au long du week-end, le cœur de Provins a battu au rythme des 36e Médiévales. Toute la ville haute s’est mise aux couleurs du Moyen-âge, laissant ses rues aux mains des nombreuses compagnies de spectacle vivant programmées, des artisans et des campements.

Comme lors des dernières éditions, depuis l’arrivée de Willy Vanhonnacker à la direction artistique, la ville s’est divisée en quatre espaces distincts : la vie quotidienne, les arts de la guerre, les peurs et croyances, et enfin les jours de fêtes. Dans chaque espace, spectacles fixes et déambulations se sont succédés au fil des deux jours de festivité.

Parmi les spectacles proposés, Saboï a fait forte impression dès l’inauguration de la fête. Venus du public, ils ont serpenté jusqu’à l’espace scénique, au son de leurs flûtes, trompes et percussions. La proposition artistique de Saboï a la force tellurique des projets aux ancrages profonds, avec des sonorités organiques, transées, reconnaissables entre toutes. Au Jardin des Bréban, nous avons découvert Merwenn, quatuor venu faire sonner son répertoire d’Europe du Nord. Entre les quatre musiciens circule une belle alchimie enjouée qui donne de la consistance à leur set. Leur musique, festive et remplie d’énergie, se découvrait d’autant mieux en fixe, pour rentrer pleinement dans leur univers. C’est également au Jardin des Bréban que nous avons retrouvé Vagarem, découvert à Provins lors de la 34e édition des Médiévales. Nichés sous les arbres, les trois artistes ont su créer, même aux abords d’une rue en ébullition, un cercle intimiste dans lequel leurs chants et leurs morceaux parvenaient à déployer toute leur beauté. A cappella, leurs trois voix se sont entremêlés tout en délicatesse et en émotion, véritable instant suspendu au milieu de l’agitation des festivités.

En déambulation, Belli Mercator a déployé une énergie considérable pour que puisse parader sa princesse, juchée sur une tour en mouvement pour leur spectacle La Tour prend garde. Comme l’an passé, la compagnie Via Cane a déambulé dans les rues avec ses étranges créatures, à l’esthétique très travaillée, inspirées des fêtes païennes et des carnavals de l’Europe de l’Est.

Le samedi soir, au Jardin des Bréban, Al Cantara a présenté Ayeri, sa nouvelle création, entremêlant cirque et musique médiévale. Tissu aérien, trapèze, mât chinois et jonglage ont fait se rencontrer leur langage avec ceux de la guitare, de la veuze et des percussions. Cet espace scénique était un bel écrin pour présenter ce nouveau spectacle. Plus tard dans la soirée, la compagnie Aouta a pris ses quartiers sur la scène de la place du Châtel. Entièrement maquillés, vêtus de leurs costumes chatoyants, ils ont joué Macabra, inspiré par les danses macabres médiévales. Dans cette atmosphère charivaresque, à la nuit tombée, les musiciens ont fait vibrer leurs ondes méditerrannées. Bien que le concert nous ait semblé trop statique, et que nous aurions aimé y voir plus de mouvement, Aouta a offert de jolis moments, comme avec ce chant, au milieu du set, qui s’est révélé très émouvant, ou encore avec leur dernier morceau, caractéristique de leur répertoire Macabra, pour un final en beauté !

Dans la collégiale, plusieurs formations se sont succédées : Marina Lys, multi-instrumentiste et chanteuse pleine de poésie, que nous retrouverons aux Médiévales de Bayeux, puis BraAgas, compagnie tchèque venue envouter son auditoire. Enfin, le quatuor Dayazell a distillé ses belles ondes musicales en proposant des concerts composés en grande partie de nouveaux morceaux, jamais joués à Provins. Arménie, Grèce, Allemagne… Les quatre artistes nous ont transportés dans un délicieux périple où la voix d’Isao Bredel a pris possession de toute la collégiale. Leur morceau d’Hildegarde de Bingen nous a autant émus que transcendés tant leurs arrangements du morceau O Rubor Sanguinis a semblé pousser encore plus loin les frontières musicales de leur monde…

Encore une fois, nulle fausse note dans cette programmation aussi riche que variée, comme une ode à la curiosité et à la découverte. On regretterait presque qu’un long défilé vienne monopoliser une bonne partie du dimanche après-midi. Bien qu’il soit agréable de voir les compagnies parader une dernière fois sous nos yeux, il demeure frustrant de ne voir qu’un échantillon de celles que l’on n’a pas eu le temps d’aller découvrir et que quelques heures supplémentaires de spectacles dans le programme nous aurait permis d’aller voir…

Pour sa 36e édition, les Médiévales de Provins ont encore frappé fort. Il est toujours fascinant de voir se concentrer, dans cet écrin médiéval, tant de compagnies professionnelles aux univers si variés. Là est toute la richesse et l’intelligence de ces Médiévales : donner à voir, à entendre et à découvrir aux quelques 110 000 visiteurs de cette édition toute la profonde diversité de ce milieu artistique, leur offrir de s’émouvoir, s’enthousiasmer, et de voyager guidés par les sons, les mots et les chants de ces artistes extrêmement généreux. Parce que là où, dans tant d’autres festivals ou événements culturels, les artistes viennent pour une seule et unique représentation quotidienne, dans ce milieu des fêtes médiévales, ils déploient une énergie considérable pour jouer tout au long de la journée, du matin au soir, avec toujours la même volonté passionnée de partager leurs univers. À l’issue de ces 36e Médiévales de Provins, nous ne pouvons que leur dire…Respect !

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