Plongez dans une Scandinavie à portée des yeux et des oreilles avec Merwenn.

Les 36ème médiévales de Provins ont été l’occasion pour nous d’effectuer une belle rencontre avec un groupe original, alliant airs médiévaux, mélodies venues du grand Nord et rythmes modernes, décollage immédiat dans l’univers de Merwenn ! Nous rencontrons les 4 compères, Marguerite, Gilles, David et Marc à l’ombre d’un arbre du Jardin des Bréban. La séance se termine sous les applaudissements d’un public emballé par ce qu’il vient d’entendre… Nos musiciens sont connaisseurs des médiévales, ils  avaient presque tous  un pied dedans avant de créer le groupe en 2016, année pour laquelle Gilles nous confie qu’ils « avaient une date importante qui est celle du marché de Compiègne. Il fallait que l’on passe faire un tour, même si c’était en touristes, pour ne pas se faire oublier et dire aux copains qu’on était toujours dans la partie et qu’on avait monté quelque chose ».

Ce quelque chose, c’est Merwenn. Le nom dérive de merwent, « le gros vent du sud-ouest en breton, les vents de tempête. Pour éviter que les gens écorchent notre nom, on a retiré le « t » et mis deux « n », comme on le trouve souvent en Bretagne sauf que cela change complètement le sens du nom. Mais coup de bol ! Cela signifie le Grand Blanc… ».  A écouter le groupe, nous trouvons rapidement l’énergie des vents de tempête, avec des mélodies assurément médiévales,  mais le rythme qui est donné à la musique et la gestuelle des artistes nous transportent dans un spectacle moderne. Nos yeux sont rivés sur les 4 musiciens et leurs instruments : Marguerite au nyckelharpa, David au bouzouki, Marc aux percussions et Gilles à la veuze. L’agréable dynamique qui se dégage du groupe vient sans aucun doute de la diversité des influences de chacun. Les trois hommes faisaient auparavant parti d’une autre formation, Penn Kazh, mais chacun a conservé ses intérêts musicaux. David nous livre qu’il est « plus dans le rock, un petit peu de chanson française et la musique du monde. J’aime bien tout moi ! », le dada de Marco c’est « le jazz, la musique d’Inde et le tabla (instrument venu d’Inde du Nord) ». Marguerite, ancienne musicienne de la compagnie Gueule de Loup,  baigne dans la musique médiévale depuis plusieurs années déjà « Cette musique là c’est une musique que je joue depuis longtemps, j’ai sollicité le groupe aussi parce que mon instrument est un instrument suédois donc ça collait bien ». Gilles confie pour sa part qu’il s’enracine dans la musique bretonne, le biniou, la bombarde, les concours de sonneurs et les fest-noz

L’influence de la Bretagne n’est pas anodine dans l’histoire du groupe, Gilles qui vient du cercle celtique connaît bien ces univers dans lesquels « on travaille beaucoup sur les costumes d’époques, avec des spectacles très animés, très colorés. Du coup on a forcé le trait sur l’esthétique dès le départ parce que avec quelques années dans le médiéval, moi j’avais remarqué qu’il manquait certaines choses ». De ce point est née la volonté de la troupe de se démarquer des autres, grâce en partie, à leurs costumes. Là aussi, l’histoire est intéressante. Comme dans de nombreux domaines, quand le temps presse, le travail de coopération et d’échange apporte beaucoup : « La 1ere année quand on a présenté le projet, on avait presque pas de répertoire car en 15 jours on avait pas eu le temps de travailler (rires). On avait pas de costumes, pas de répertoire, pas de photos rien du tout ! La meilleure solution c’était un de notre meilleur pote, Ronan Seure-Le Bihan, qui est dessinateur BD et illustrateur historique. On l’a sollicité pour qu’il nous dessine et on a dessiné les costumes par la même occasion, en même temps. Ca a permis d’aller très vite et après de choisir les tissus et la forme des costumes. ». La troupe se plonge dans l’esthétique des pays scandinaves, très bien représentée « aussi bien en Suède, qu’en Pologne, ou en Russie » lors de fêtes, de journées ou de week-ends de reconstitutions de combats vikings. Comme beaucoup d’autres compagnies, il a pourtant fallu adapter ces magnifiques costumes, aux tonalités verte, jeune et rouge, de grandes tuniques à manches pendantes, ceinturées par des lanières de cuir, aux instruments. Gilles explique qu’ils ont dû « remodeler tout cela. Puis on a fait en fonction de chacun pour que ce ne soit pas emmerdant dans l’aisance ». Et de l’aisance il en faut pour ce groupe qui vit sa représentation comme un concert de rock !

Sur le plan musical, c’est Gilles avec sa veuze (cornemuse rustique) qui détermine la tonalité du morceau, « soit en ré soit en do, et puis à l’avenir en sol peut-être. Parce que David et moi, on peut tout faire ! » raconte Marguerite. Parmi les instruments utilisés, la guimbarde est jouée par Gilles : « on le retrouve dans le folk nordique, la guimbarde, cela changeait un petit peu et puis cela faisait reposer le répertoire, un moment sans cornemuse », excellent choix de la troupe qui, conscient du répertoire plutôt festif qu’il joue, apporte alors une nuance très douce et agréable.  Gilles confirme que c’est cette nuance « qui permet de faire un mouvement de vague sur un répertoire d’une demie heure. Pour que ça monte en intensité dans le set » et Marguerite renchérit « quand je suis arrivée, je me suis calquée un peu à l’unisson et après on a fait en sorte de nuancer au sein de chaque morceau : des moments d’unisson, des moments où l’on est en contre-chant, si on tend l’oreille (et si les conditions sont assez bonnes pour bien nous entendre !) on note des polyrythmies, des voix, des secondes voix, des harmonies etc ».

Vous n’entendrez pas de chant avec Merwenn, ils ont déjà eu le plaisir de les tester à Toulouse, mais sur scène, avec des micros. Malgré tout, Gilles concède que deux morceaux avec du chant ont été fabriqués cette année, « quelque chose de très ambiancé pour lequel on cherche encore comment amplifier la voix ». Ce ne sont pas les premiers à être confrontés à ce problème inhérent aux fêtes de rues, pour certains l’amplification n’est pas envisageable car elle dénature le jeu tandis que pour d’autres c’est un excellent moyen de faire porter haut leur musique. Marguerite, chanteuse, exprime clairement la difficulté de chanter jusqu’à cinq fois en extérieur, « c’est un peu compliqué en rue, nous n’avons pas encore trouvé la solution […], je vais me faire mal et je me fais déjà mal par ailleurs ! ». Pour les instruments, la troupe a décidé de les amplifier grâce à de petits amplis, intelligemment  cachés dans les sacoches de leurs costumes.

La déambulation est l’autre souci du spectacle de rue, David nous livre que « c’est bien plus éphémère pour le public et le plaisir n’est pas le même, on le fait parce qu’il faut le faire. Mais ce qui nous intéresse vraiment c’est le fixe ou la scène car c’est plus confortable pour nous et pour le public », élément qu’appuie Gilles en disant qu’ils « souhaitent installer le public dans notre ambiance. Nous aimerions prendre une peu de temps et de plaisir avec les gens, c’est un échange que l’on a du mal à avoir en déambulation. ». Marguerite argumente au niveau musical « on s’entend moins, on ne peut pas toujours marcher à 4 de front donc, on a du mal à s’entendre, cela impose à Marco de n’avoir qu’un seul élément de tout son set de percussions, cela réduit la richesse du morceau  ».

Pour la suite, la troupe se donne comme objectif d’augmenter le répertoire chanté et de diversifier les instruments. Déterminés, ils le sont. Gilles annonce que le gros projet des années à venir est surtout l’enregistrement d’un album, « plus travaillé que le 5 titres […]. Et on va essayer de sortir un petit clip vidéo pour boucler la 4ème année ». Affaire à suivre de près.

Si vous voyez Merwenn sur les programmes, courez-y et laisser vous embarquer pour un voyage nordique aux rythmes sur-vitaminés. Moment exaltant assuré ! Et prenez deux secondes pour jeter un œil ici https://merwenn.wixsite.com/merwenn !

 

 

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