Réminiscences, l’album pluriel de Markus à découvrir !

À dire vrai, on est un peu en retard pour parler de cet album, puisque l’artiste français Markus – Marc Ruchmann – a sorti Réminiscences juste avant l’été. Mais on n’a jamais dit que Le Spot serait ponctuel, et si notre objectif est de partager des coups de cœur, alors qu’importe le moment où ils surviennent, pourvu qu’ils existent… Et on ne va pas bouder notre plaisir d’être tombé, un peu par hasard, sur cet album.

Sa musique, Markus la décrit comme « libre et sans format ». À l’écoute de cet album, on ne peut que mesurer combien l’artiste s’émancipe des cadres pré-établis. S’il existe des contours, même flous, lui, s’en extrait. Réminiscences est pluriel, polymorphe. On ne saurait où le classer, à la frontière du trip hop, du jazz, et de l’électro, peut-être. Et encore que, finalement, lui donner une étiquette serait trop restricteur, et toutes les cases où le ranger demeureraient bien trop étriquées pour lui. Alors « libre et sans format », oui, définitivement.

Chaque morceau révèle une singularité propre. Le lien entre chacun se fait davantage dans l’esprit que dans le style musical. On navigue entre plusieurs mondes, et il faudra attendre la fin du périple pour mesurer combien le voyage, réellement, est la ligne directrice qui prévaut dans cet album.

Il y a quelque chose d’hypnotique dans Réminiscences, des morceaux qui interpellent par leur puissance saisissante, d’autres par leur caractère cinématographique. Les énergies se confondent, se confrontent. Réminiscences nous fait traverser milles et un états. Kumono nakanolé est d’une douceur infinie, elle nous fait flotter au-dessus du sol, alors que Kaori Ito nous susurrent ses mots à l’oreille. Elle est hors du temps, vaporeuse et aérienne. Plus loin, le beatbox, « instrument » phare de cet album, fait battre le cœur de Saudade. La voix de Camila Garmendia nous conte une histoire, que le violoncelle et le piano accompagnent, et le beatbox de Markus demeure là, constant, lancinant, aussi addictif qu’il peut l’être sur Nuage. Dans celle-ci, il est la respiration salvatrice dans une course de fond, il survient de manière régulière dans le morceau, de manière aussi instinctive que nécessaire, comme pour happer l’air et l’horizon tout entier.

Dans cet album, Markus s’offre plusieurs belles collaborations. Master of None, avec l’artiste reggae américain Winston McAnuff est une des pièces maitresses, tout comme Future Memories, dans laquelle on retrouve Nya, bien connu pour sa complicité artistique avec Erik Truffaz. On ne saurait oublier Beautiful Silence, avec Bessa, l’un des titres les plus forts de cet album, viscéralement saisissant.

Dans Réminiscences, Markus alterne les morceaux puissants, souvent ceux où le chant est présent, et ceux, plus intimistes, comme Sakar, aux allures de rêverie, où le beatbox rencontre le piano, dans une alchimie évidente… Et c’est peut-être cette partie de l’album qui est la plus étonnante, élégante et singulière.

C’est là toute l’essence de Réminiscences : conjuguer des ambiances, des textures et des sonorités qui nous interpellent, font écho à nos imaginaires propres. Markus ne nous impose rien, mais nous offre un champ de possibles qu’il nous invite à parcourir. Le voyage est dans l’ADN de cet album, il imprègne chaque morceau, tout en subtilité. Dans les langues chantées, dans les atmosphères musicales ou dans celles, sonores, captées dans une multitude  de lieux, dans la matière vivante qui parcourt chacun des titres, l’ailleurs est là, toujours, en filigrane, véritable colonne vertébrale de cette création. Et comme on était loin de s’y attendre, en débutant cette écoute, on ne peut qu’être fasciné en constatant le chemin parcouru, de Someone à Nuage

À travers ces quinze titres, Réminiscences nous a transportés. Il a créé son propre espace-temps, nous a donné la délicieuse sensation d’être enveloppé dans une bulle de sons et d’images, un tableau prenant forme sous nos yeux. Sa multiplicité et son élégance en font un album à découvrir, en prenant le temps de se laisser imprégner par son voyage, et parcourir par la singulière richesse de chaque morceau qu’il renferme…

L’album s’écoute ici !

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