Barbara Pravi a illuminé les Rendez-vous Soniques !

À l’occasion des Rendez-vous Soniques de St-Lo, et dans le cadre de  la tournée de promotion de son premier album On n’enferme pas les oiseaux, Barbara Pravi s’est emparée du Théâtre Roger Ferdinand mercredi soir, pour y diffuser tout en élégance et avec panache, ses textes et sa voix aux émotions plurielles.

Il y a quelques années, Barbara faisait entendre sa voix sur la scène du Comedia, à Paris, en incarnant le personnage de Solange dans le spectacle Un Été 44. Lors du dernier concours de l’Eurovision, son titre Voilà la hissait à la seconde place du podium. Et dans l’intervalle, la jeune artiste a écrit, composé, réécrit, sorti plusieurs productions, et parcouru le chemin pour pouvoir aujourd’hui défendre en live son propre univers.

C’est seule que Barbara entre en scène, pour une Prière au printemps. Elle y convoque la joie, la renaissance, l’horizon. Elle est seule, mais déjà, elle habite le plateau tout entier, de cette aura sublime qui ne la quitte jamais. Ses musiciens la rejoignent, un pianiste, une violoncelliste, et c’est ainsi que tout se jouera. Dans une beauté sobre, une pureté dénuée de tout artifice, de tout superflu. Une voix, des textes, deux musiciens, et chaque mur du théâtre s’en souviendra.

Les titres défilent, issus de son premier album ou de l’EP sorti un peu avant, comme Barcelone. L’un après l’autre, Barbara impose sa marque de fabrique. Ses bras s’ouvrent sans cesse, comme si son corps tout entier manifestait son souhait de se donner toute entière à la scène, d’accueillir auprès d’elle chaque oreille venue lui prêter attention. Sa complicité naturelle avec ses musiciens est flagrante. Sur scène, Barbara est aussi touchante que drôle, aussi impressionnante que désarmante de spontanéité. La scène est son salon, son royaume. Elle ne joue pas à l’artiste, elle vient juste y raconter son monde, avec tout le talent qui se niche en elle.

Et puis arrive Chair, celle qu’elle a peu interprété en live, celle qui lui donne « les jambes qui flageolent » celle écrite pour un 8 mars, journée des droits des femmes. Celle qui vient serrer nos gorges, tant son texte est poignant. Celle qui vient s’octroyer nos yeux brillants, parfois même quelques larmes, face à ce manifeste en l’honneur du droit des femmes à disposer de leur corps, à se l’approprier, se l’apprivoiser, jusqu’à l’accepter, cette « chair chérie ». Sans nul doute, Chair est l’un des climax du concert, un instant suspendu, à couper le souffle. Et ce n’est pas un hasard si, de part et d’autre du théâtre, des spectateurs se sont levés pour acclamer ce tour de force, débordant d’une sublime fragilité, venu bouleverser toute la salle.

Puis Barbara jongle d’un tableau à un autre, de la douceur de L’homme et l’oiseau à la tempête de La Vague, qu’elle incarne de chaque parcelle de sa voix, de son corps, de ses expressions. Sur Mes maladroits, elle distille quelques paroles fortes, dans une atmosphère pourtant enjouée, sur laquelle elle ne cesse de danser au milieu de la scène. Sur La Femme, elle retrouve ce feu ardant qui lui va si bien, cette rage contenue, cette envie de questionner la place et l’identité de la femme aujourd’hui. « Qui a décidé ce qu’est la femme ? Un bouton de rose, un brin de flamme ? Aucun des deux ou bien tout à la fois » clame-t-elle à chaque refrain, jusqu’à finir en fond de scène, à marteler le rythme aux percussions pour accompagner ses deux acolytes.

Le concert se termine sur Voilà, chanson phare désormais dans l’univers de la jeune femme.  À l’écouter l’interpréter si puissamment, on constate combien elle est révélatrice de tout ce qu’elle est. Pas d’artifice, pas de poudre aux yeux. Il n’y a rien d’autre ici qu’une jeune artiste, portant un univers fort, vaste, souhaitant par-dessus tout le partager aux oreilles attentives. Pour le rappel, la jeune femme revient pour trois Prières : Prière pour rester belle, Prière au soleil, et Prière pour chanter, un inédit qu’elle interprète seule au piano. Si bien entourée pendant tout le concert, Barbara termine le concert tel qu’elle l’a commencé, dans la sobriété et la vérité brute, désarmante de sincérité.

À l’issue du concert, le public tout entier est debout, acclamant la jeune femme et ses musiciens pour le joli voyage parcouru. À la sortie, on entendra quelques personnes réitérer la comparaison avec Piaf, dans la voix, dans sa gestuelle. Il y a pire, comme comparaison, certes. Et pourtant, en y regardant de plus près, on ne peut nier que Barbara sillonne des routes qui vont plus loin. Outre l’émotion évidente qui s’immisce dans chaque seconde de son concert, la jeune artiste fait preuve d’une poigne étonnante, d’une envie de poser sur la table des sujets sensibles, des revendications. Il n’est pas question que de beau. Barbara est une tempête à elle seule, débordante de choses à partager, d’histoires à raconter, de mots à lancer pour contribuer à faire avancer les mentalités. Barbara Pravi est une artiste étonnante, multiple, et dans un seul et même concert, elle laisse s’exprimer toutes ses facettes. Parce qu’à ceux qui voudraient la cantonner au rôle de jeune et jolie artiste aux chansons d’amour, elle répond en campant la scène de toute sa superbe, en prouvant qu’elle aussi, elle est « tout à la fois ». Et la découvrir, à cette place-là, aussi majestueuse que terriblement touchante, c’est définitivement le symbole de sa plus grande réussite : avoir conquis, par elle-même et avec toutes ses armes, la liberté de faire exister sa musique, dans la forme, les couleurs et l’intégrité pour laquelle elle s’est battue depuis ses débuts.

 

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