En 2018, Ÿuma dévoilait son très bel album, Poussières d’étoiles. Bien qu’ayant déjà sorti plusieurs morceaux précédemment, c’est par lui que le duo a vraiment imposé sa marque sur la scène tunisienne et bien au-delà… Lors de la tournée de cet opus, nous les avions découverts en live à l’Institut du Monde Arabe, dans un véritable instant suspendu où les deux artistes, Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami, avaient tenu toutes leurs promesses en concert. Après l’annonce de leur séparation, le duo est finalement de retour avec un nouvel album, Hannet Lekloub, sorti le 25 mars.
Poussières d’étoiles nous avait séduits par la délicatesse de sa proposition, par le minimalisme de sa folk qui laissait la part belle aux voix si délicieusement complémentaires des deux artistes. Quatre ans plus tard, Hannet Lekloub vient réactiver le plaisir sincère et intacte de retrouver l’alchimie artistique singulière qui règne au sein de ce projet musical.
C’est par Denia Dour que Ÿuma a choisi de mettre à jour ce nouvel album. Le rythme plus soutenu de ce titre a donné l’image d’un retour en fanfare. Après ces quelques années d’absence, le duo revient sur le devant de la scène, dans une cavalcade à l’énergie foisonnante. Leurs voix jaillissent à nouveau, le refrain et les mots percutants du titre s’impriment dans nos têtes, et se répètent, encore et encore. Dans le même morceau, pourtant, ils laissent également transparaître l’essence même de Ÿuma, leur folk sans artifice, toute en douceur. Et finalement, Denia Dour s’achève sur des arrangements plus incisifs, qu’on n’avait pas vu venir. Alors tout est là, le ton est donné. Ÿuma, exaltant et polymorphe.
L’album s’étire comme un voyage. Sur les onze morceaux de ce nouvel opus, certains titres se singularisent. Sucre brille d’un éclat particulier. La guitare sonne distinctement, tout en sobriété, alors que la voix de Sabrine Jenhani nous saisit sur le vif, dans toute sa pureté. Sucre est d’une douceur et d’une mélancolie infinies. Dans Wahna Bar, la fin du morceau laisse s’envoler la voix de Sabrine Jenhani, et son écho semble ne plus vouloir cesser de se répercuter…
Sur Fartatou, on retrouve toute la superbe qui caractérise l’alliance des deux voix de Ÿuma. Lorsque chacune des voix s’élève seule, elle fait briller ses propres atouts, la musicalité de celle de Sabrine Jenhani, le velours de celle de Ramy Zoghlami. Et quand elles se rejoignent, l’alchimie opère. Elles s’entremêlent l’une à l’autre, comme une rencontre évidente qui vient les sublimer. Avec Lokhrin, la mélancolie si caractéristique de Ÿuma s’exprime à nouveau. Une nouvelle fois, leurs voix combinées créent des vagues successives d’émotions, qui s’abattent sur nous, dès que le refrain s’élance.
Hannet Lekloub est de ces petits trésors musicaux, qu’on ne s’attendait pas à retrouver, et qui, lorsqu’ils arrivent, laissent survenir une émotion toute particulière. Avec ce nouvel album, Ÿuma nous invite une nouvelle fois au voyage, avec toute la finesse, le raffinement et la sincérité qui les définissent. Pari réussi pour ce retour sur le devant de la scène : les deux brillants artistes n’ont rien perdu de leur superbe, et la mettent encore une fois au service d’un album qui mérite mille et une écoutes !