C’est sous le soleil de ce premier week-end de juillet que le public normand a pu retrouver, avec un enthousiasme non dissimulé, l’effervescence des Médiévales de Bayeux, pour leur 35e édition ! Si la municipalité a fait le choix, l’an dernier, de maintenir l’événement dans un format réduit, c’est cette année dans son ampleur habituelle qu’il a conjugué campements de reconstitution, marché médiéval, et bien évidemment, toute une programmation artistique pleine de richesses et de découvertes, qui ont attiré quelques 60 000 spectateurs tout au long du week-end !
Fidèle à sa réputation, Bayeux a fourni, cette année encore, une sélection de spectacles et déambulations de grande qualité. Ainsi, en ouverture du défilé, et durant tout le week-end, Kervan Cie est venue déambuler dans les ruelles de la ville, avec son projet Mirage. Accompagnés de quelques musiciens et d’une danseuse, les échassiers de la compagnie ont sillonné les pavés, répandant par endroit quelques volutes de couleurs pour repoétiser le monde qui nous entoure. La qualité des costumes et du visuel de ces artistes a beaucoup interpellé les spectateurs. Plus loin, les Lutins du Cirque Asymétrik paradaient dans les rues, notamment avec une roue allemande, agrès de cirque peu connu du grand public. Toujours en déambulation, les
spectateurs bayeusains ont pu découvrir la création de Vaporium, jeune compagnie très axée sur les mondes fantastiques. Avec leur projet Dahutanes, le trio d’artistes sur échasses a distillé son univers mystique, à travers ces trois créatures venus offrir leur bénédiction au public, avec l’arrivée de la nouvelle saison. Les costumes de cette compagnie ont suscité beaucoup de curiosité, autant de la part des plus jeunes que des adultes, qui n’ont pas hésité à les suivre d’un bout à l’autre de leur pérégrination à travers la ville, au son des clochettes arborées sur l’un des costumes.
Comme chaque année, la fête a également fait la part belle à quelques groupes de musiques. Ainsi, Smedelyn, avec ses quatre musiciens, a tour à tour parcouru la ville en déambulation, joué en concert fixe sur la scène du parvis de l’Hôtel de ville, ou encore fait le traditionnel concert du samedi soir, dans la cathédrale. Si les quatre artistes ont commencé à jouer sur le parvis, pour attirer le public, ils ont ensuite remonté la nef, faisant sonner la cornemuse de manière tonitruante dans cet édifice magnifique. Le cadre leur a offert un écrin formidable pour ce concert, alternant musique et chant. Si Smedelyn avait alpagué le public, dans la journée, par ses rythmes dynamiques, propices à danser, le quatuor a ici proposé un répertoire différent, montrant toutes les cordes dont il dispose à son arc !
Dans la rue, Trybu, la formation musicale des Monts Rieurs, a fait entendre la multiplicité de ses instruments. Le samedi soir, c’est en version « Trybu et les A Cordés » que les artistes se sont produits sur la scène de l’Hôtel de ville. Avec un répertoire et des instruments différents, les artistes ont électrisé le public. Si seule une petite dizaine de personnes s’est levée, au début, pour danser sur leurs airs voyageurs, ils ont peu à peu réussir à mettre toute la foule en mouvement, jusqu’à finir en danse collective, sur l’intégralité de la place. Tout au long de ce concert, la complicité de cette tribu d’artistes s’est révélée, palpable et évidente. Quelque chose de fort circulait entre eux, jusqu’à venir attraper le public et l’entrainer dans leur voyage musical. Si les artistes de Trybu arborent tous des costumes d’un même bleu, la palette de couleurs de leur univers musical est, elle, bien plus vaste. Conjuguant les sonorités aussi bien bretonnes que méditerranéennes, les morceaux instrumentaux ou parfois chantés, la troupe nous a offert un moment plein de poésie, ouvrant grand l’horizon.
En théâtre, le public a pu se régaler avec des spectacles pour petits et grands. Dans le jardin de l’Hôtel du Doyen, deux spectacles se sont succédés. La compagnie Via Cane, très réputée pour son excellent travail autour de la marionnette et pour ses spectacles toujours aussi fins que doucement satyriques, a attiré un public nombreux. Ensuite, L’Improbable quête des Maroufles a entrainé les spectateurs dans une farce, menée tambour battant par cette famille abracadabrantesque, alliant tournoi de chevalerie hautement épique, demoiselle en détresse, et quête périlleuse d’un chevalier fou amoureux traversant lac et montagne pour la retrouver ! Les multiples astuces et autres bruitages et le caractère faussement fait de bric et de broc de ce spectacle a mené la compagnie à faire salle comble à chaque représentation.
Et enfin, sur la scène de l’Hôtel de ville s’est produit à plusieurs reprises la compagnie L’Effet Railleur, sans nul doute notre coup de cœur du week-end. Avec ce duo, le théâtre de rue rencontre le clown, l’acrobatie, le jonglage et la musique, pour un spectacle de haute voltige ! Indéniablement, les deux artistes ont su conquérir le public, avec la qualité de leur proposition artistique. En témoigne cette foule, debout, à l’issue de leur dernière représentation. Tout aussi drôle que rythmé, tout aussi intelligent que joyeusement déjanté, leur spectacle Goupil ou Face, inspiré du Roman de Renart, est l’exemple parfait de tout ce que le théâtre de rue a à offrir de meilleur, dans la manière dont il peut se faire rassembleur. Sur les marches de l’Hôtel de Ville, amateur de spectacle vivant ou novices, ont pris le même plaisir à regarder les deux compères déployer leur folle énergie au service de cette création, pleine d’esprit, d’ingéniosité, d’humour et d’une alchimie formidable entre ces deux artistes au talent incroyable !
Si elles se font fait attendre, et qu’on s’impatientait de les voir revenir, les Médiévales de Bayeux ont tenu toutes leurs promesses ! Devant un public nombreux, les artisans et artistes ont enfin pu refaire battre la chamade au cœur de la vieille ville, dans une vraie effervescence nous donnant de nouveau l’occasion de partager ensemble et collectivement les joies du spectacle, pleinement vivant !